Les grands classiques des Pyrénées, la Hourquette d'Ancizan, le Col d'Aspin et le Tourmalet
Journée finale au coeur des Pyrénées. Comme un cheesecake après des spaghettis Bolognese, le bouquet final va nous faire exploser les jambes (pas la bouche, sorry M. Etchebest).
Profitant d'une météo parfaite à 25° grand soleil pas une once de vent, aucune excuse pour ne pas s'attaquer au monstre sacré. Celui qui est aux Pyrénées ce que la double crème est à la meringue, on vous présente le Tourmalet. Évidemment partant de Saint-Lary-Soulan, nous sommes obligés de sauter une vallée pour gravir le monument qui se trouve dans les hautes vallées de l'Adour. Et pour y arriver, quoi d'autre que d'escalader celui qui est au Tourmalet ce que Robin est à Batman, le col d'Aspin.
Dans la même idée que sur les alpes et connaissant un poil la région, nous n'allons pas gravir l'Aspin par la route départementale (un tout petit peu occupé par les 2/4 roues motorisées) mais prendre sur la Hourquette d'Ancizan, belle petite montée complètement désertique et qui offre un panorama magnifique sur un plateau vers le Lac de Payolle.
Départ assez tôt sur le coup étant donné la distance (+ de 100 km) et le dénivelé positif (3000 m), on va avaler en vitesse deux cubes d'Emmental et trois petits beurres (c'est pas vrai mais on n'est pas sur un blog culinaire alors passons...). Courte mise en jambe de 6 km dans la vallée d'Aure jusqu'à Guchen, le pied de la Hourquette d'Ancizan. Là baaam, direct dans le vif du sujet, la montée n'est pas très longue (9 km) mais avec des pentes assez soutenues. Sur 3-4 km c'est du 8-10% non stop. La tentation est grande de sortir la machine à café et de faire chauffer les watts, néanmoins on se réfrène il reste encore 5h de route. Si la pente est sévère, elle est aussi assez régulière sans à-coups brusque, ça permet de s'asseoir tranquillement en rythme. Quelques beaux points de vue sur la vallée d'Aure, la difficulté s'adoucit pour les derniers kilomètres.
Une bergerie signale le sommet du col, la route vous emmène ensuite dans un endroit pastoral qui s'appelle "le petit Canada" le long de la pelouse Saint-Jean. Zone pastorale veut aussi dire animale en liberté sans barrière, on ne s'étonne pas de devoir planter les freins pour laisser passer les demoiselles bovines le long de la route ou de devoir gentiment pousser un groupe de chevaux qui se décide à faire la sieste (debout donc) en plein milieu de la route.
Après une brève remontée, on plonge ensuite direction le Lac de Payolle et les restaurants qui vont avec. On ne s'y arrêtera qu'au retour pour une tarte, on préfère garder les pieds sur les pédales histoire de liquider les affaires courantes. Un faux plat descendant de quelques kilomètres nous propulse à Sainte-Marie de Campan, pied de l'ogre. On fait la queue à la fontaine (en gardant nos distances bien entendu) qui marque le début officiel de l'ascension du Tourmalet.
17km à 7.5%, c'est pas un nain le machin.
Premier kilomètre à 4%: ça rigole c'est même assez irrégulier du coup on peut passer sur le 53 dents facilement.
Deuxième kilomètre encore plus facile: je sens que je vais faire pêter le chrono je suis à 25km/h.
Troisième kilomètre à 2%: J'aurais dû prendre un guidon de triathlète
Quatrième kilomètre à 4%: Sérieux on est sur la bonne route ou le Tourmalet s'appelle comme ça parce que c'est un petit Tourmal ?
Cinquième kilomètre à 5%: Okay, je commence à avoir les pépètes là, il reste que 12km à faire, c'est quoi ce chantier ?
Sixième klomètre à 7%: Et encore, c'est 7 parce que les 300 derniers mètres sont plus pentus... ah...okay, fun is over!
Sans surprise, les onze derniers kilomètres sont extrêmement difficiles. Les pentes faciles se situent autour de 8% avec des passages raides avant d'arriver sur La Mongie vers les paravalanches (là où Jan Ullrich avait lâché Lance Armstrong en 2003).
La route est large, vous pouvez facilement pratiquer le zigzag si vous voulez aplanir la courbe (terme souvent utilisé en 2020). La traversée de la station qui n'est pas une sinécure non plus, 10% ça nous laisse le temps d'observer les terrasses (vides) et de réfléchir à poser son vélo pour aller remplir les bidons, c'est la canicule! Bouteille de schnaps à raz-bord, la dernière partie est la plus ouverte niveau panorama, une route classique d'un col de haute montagne, mais pas plus facile. Un dernier toboggan à gravir et on y est.
Un restaurant, celui-là beaucoup plus peuplé, où vous pourrez vous rafraichir mais pas avec de l'eau du robinet, elle n'est pas potable! allez savoir.... l'astuce marketing pour vendre des bloody-mary, des pina coloda ou des long islands icetea (pas conseillé avant la descente rapide).
Un magazin de souvenirs vous permettra aussi d'acheter un souvenir à mettre à côté du chien qui bouge la tête sur la banquette arrière de votre Volvo. Le Tourmalet a au final les mêmes problèmes que les cols célèbres dans les alpes, y a du monde! Une file de voitures, un paquet de randonneurs, une attente au panneau pour la photo instagram sans la famille hollandaise qui photo bombe le cadrage, on enfile le gilet et demi-tour.
À part sur les premiers kilomètres jusqu'à la Mongie où vous aurez quelques lacets, le reste de la descente peut se faire très rapidement. De manière basique, vous n'aurez qu'une épingle sur toute la descente. Attention quand même à ne pas arriver trop vite, mais avec des freins à disques vous pouvez lâcher les cheveaux.
Rebelotte à Sainte-Marie de Campan, direction Lac de Payolle en compagnie d'un retraité sur un vélo électrique. 5h au compteur, les jambes commencent à piquer mais c'est plutôt facile jusqu'au Lac. La tarte tatin (avec une boule de glace vanille) nous attend! On enfourche notre machine et dernier moment difficile avec la fin du Col d'Aspin. C'est pas très long (5 km) mais c'est relativement difficile (environ 8% de moyenne) et les watts ont plus de peine (avec les pieds qui chauffent). Grâce (ou à cause c'est selon) de ma fierté de cycliste, je suis obligé d'accélérer sérieusement le rythme pour lâcher un touriste qui voulait impressionner son amie en me suivant. 300w de moyenne sur les derniers kilomètres, on se sent étonnamment bien. La route en elle-même est quasiment uniquement en forêt, vous pourrez une nouvelle fois avoir une vue imprenable sur la vallée d'Aure uniquement au sommet.
Rien de très spectaculaire à part le panneau du col et des vaches qui observent le tout. Route moyenne sur la descente (pour ne pas dire pourrie), vous arriverez vite à Arreau. De là, quelques kilomètres tranquilles pour faire baisser la pompe jusqu'à Saint-Lary Soulan.... après 6h30 au total (arrêts compris), c'est l'heure de l'apéro!